Barichara, l’un des plus beaux villages de Colombie
Barichara est-il le plus beau village de Colombie ?
C’est ce que l’on va essayer de voir dans cet article pour donner suite à notre découverte de ce village du Santander que nous avions inclus dans notre road trip en voiture de Bogota et Santa Marta.
Barichara est un village patrimoine situé au sud de Bucaramanga, dans les montagnes andines, tout proche de San Gil. Barichara est donc considéré par beaucoup comme le plus beau village de Colombie et à dire vrai il nous tardait de vérifier si sa réputation n’était pas usurpée… ?
Nous arrivons de Guadalupe, où nous avons passé deux nuits et découvert Las Gachas, un autre endroit sublime que nous vous conseillons de visiter. En arrivant à San Gil, la route bifurque et s’élève en lacets jusqu’à Barichara qui nous accueille avec une porte en bois nous souhaitant la bienvenue. Après 2h30 de route pluvieuse depuis Guadalupe, il fait nuit lorsque nous arrivons à Barichara, deuxième étape de notre road trip entre Bogota et Santa Marta.
Bienvenue à Barichara !
Une fois engagés dans les ruelles du village pour trouver notre hôtel et sans faire gaffe nous prenons un vieux sens interdit ! Les voitures klaxonnent, on se range sur le bas-côté pour les laisser passer et nous retrouvons nez à nez avec un policier…
Pour donner suite à nos explications et contre toute attente, le policier nous indique comment se rendre à notre hôtel et nous dit de continuer en sens interdit pour y arriver.
Colombiaaaa, tierra querida.
Poser nos valises, manger, et dormir : voilà le programme tant attendu de la soirée. On est rincés de notre journée à Las Gachas et de la route, nous partons dîner dans un restaurant proche de l’hôtel, puis rentrons nous reposer.
Le lendemain matin nous partons à la découverte de Barichara, en long, en large et en travers. Ce qui frappe au premier coup d’œil c’est la préservation du patrimoine architectural.
Fondé en 1705, le village est resté figé dans son jus colonial : rues pavées d’immenses pierres taillées, maisons aux murs blanchis à la chaux, ouvertures et portes en bois. Ici pas de fioritures, l’homogénéité est le maître mot.
Barichara, village de pierre
Cette pierre forme l’ossature des maisons, des rues, de la cathédrale. Elle a façonné le village entier de Barichara et en a fait sa réputation. Ici sont réputés vivre parmi les meilleurs tailleurs de pierre de toute la Colombie. Et même si on pourra retrouver cette pierre dans quasiment tous les centres historiques du Santander, Barichara reste le village le mieux conservé de la région.
La pierre est si emblématique de Barichara que l’on a désigné les habitants, les “patiamarillos”, les “pieds jaunes”, dus à la couleur ocre de cette terre dont la poussière envahit tout et colore jusqu’aux chaussures des habitants !
Traditionnellement la couleur n’est pas au rendez-vous des façades des maisons, mais on a pu voir que certains propriétaires commencent à peindre leur porte, leur volet ou leur bas de façade de couleurs. Reste qu’on est dans une esthétique bien différente des villages de l’Eje Cafetero.
Barichara, belle et accueillante
Le village est construit à flanc de montagne et ses ruelles en pentes font bien chauffer les mollets, mais aussi les appareils photo ! Cette topographie confère à Barichara une photogénie bien particulière avec des perspectives impressionnantes. Lorsque l’on monte sur les hauteurs du village, le spectacle est grandiose entre ces sublimes rues pavées et le paysage de montagne alentour.
Vous l’aurez compris, on a adoré Barichara ! C’est vraiment un village sublime et en effet certainement l’un des plus beaux de Colombie, pas de doute à ce sujet. Nous avons adoré nous balader dans les rues du village et nous avons vraiment apprécié la gentillesse des habitants.
Vous le savez, les rencontres font les souvenirs et nous marquent d’une empreinte indélébile. Au moment de se remémorer, un voyage, elles nous reviennent en boomerang et font qu’une destination nous marque davantage qu’une autre.
Barichara nous aura comblés tant par sa beauté que par l’accueil de ses habitants !
Barichara et ses ateliers
Lorsque nous avons décidé d’aller découvrir Barichara, nous nous sommes de suite renseignée sur les savoir-faire locaux pour envisager d’aller à la rencontre de ces artisans qui perpétuent les traditions. On adore faire ce genre de rencontres. Il se trouve que Barichara fait partie des villages de Colombie qui a beaucoup d’ateliers d’artisanat. Mais pas n’importe quels ateliers !
Il y a bien sûr beaucoup d’artistes que se sont installés dans le village, des peintres, des sculpteurs, des céramistes, qu’il est intéressant d’aller rencontrer. Mais de notre côté nous avons préféré aller à la découverte de deux ateliers bien particuliers qui œuvrent socialement à Barichara.
Taller de Papel
Le premier se nomme “Taller de Papel”, l’atelier de papier. Il s’agit d’un atelier qui fabrique toutes sortes de produits à base de papier naturel élaboré à la main. Mais pas n’importe quelles mains. Les mains de femmes du village en situation difficile. C’est un projet créé par la Fondation San Lorenzo qui donne un travail, qui plus est gratifiant, à des femmes en difficultés financières (femmes seules avec enfant, ou avec mari en situation de handicap, etc.).
Sur place il est possible de visiter l’atelier, ainsi que le jardin où sont réunies toutes les plantes à base desquelles il est possible de sortir des fibres pour en faire du papier. Nous décidons de prendre la visite complète ($8.000) où l’on peut s’essayer à la fabrication du papier et où l’on repart avec une feuille en souvenir.
Hercelia nous fait la visite, vraiment intéressante, et nous explique le projet. Nous échangeons avec les travailleuses qui, sourire aux lèvres, nous communiquent leur plaisir de faire partie de ce projet.
Les produits fabriqués sont vraiment beaux et vous vous en doutez… on n’a pas pu s’empêcher de repartir avec une superbe affiche en papier naturel ornée d’une feuille de palme à l’encre végétale. Ici tout est fait à la main, de façon naturelle, avec passion. Un incontournable.
Taller centro dia
L’autre atelier nous allons d’abord avoir un rendez-vous manqué puisque nous arriverons trop tard, en fin d’après-midi alors qu’il ouvre principalement le matin. Le lendemain alors que nous devions partir tôt nous n’avons pas pu nous empêcher d’y faire une halte et bien nous en a pris ! Nous avons là encore découvert une super initiative.
Il s’agit du “Taller Centro Dia” , un atelier pour les personnes âgées du village où l’on fabrique des produits à base de Fique.
Le Fique (ou Maguey) est une plante traditionnelle des régions andines qui peut être utilisée de mille façons. Dans la région du Santander, on en fait du papier, des sacs, ou des semelles pour faire des espadrilles, etc. Ici on fabrique surtout des tapis à base de Fique.
On retrouve Bernarda, leader du projet, qui du haut de ses 70 ans garde un œil protecteur sur les participants aux projets.
Tout est fabriqué à la main depuis le filage des fibres jusqu’au tissage des tapis et des sacs. De beaux métiers à tisser ornent la vieille maison coloniale, les mamies autour de la table discutent tout en confectionnant des sacs, l’ambiance est apaisante.
Bernarda nous explique en quoi ce lieu et cette activité redonnent du sens à la vie de tous les participants. Et là encore quoi de plus gratifiant que de se réunir, partager et se sentir utile en fabriquant des objets pour autrui ? Un incontournable.
Le salto del mico et les miradors
Comme on vous l’expliquait en introduction, Barichara offre de nombreux points de vue sur le village et les paysages alentour. On en a bien profité pour tout vous dire !
Points de vue sur le village
Nous avons grimpé les ruelles de Barichara jusqu’à l’église Santa Barbara pour pouvoir admirer les plus beaux points de vue sur le village.
Chaque rue offre sa perspective, mais la plus emblématique est certainement celle de la Calle 5 : elle offre une vue plongeante sur la rue, avec ses immenses pavés, ses maisons aux toits de tuiles, et la cathédrale en point de mire… en toile de fond les montagnes andines complètent le tableau : du bonheur pour les yeux.
En longeant la Calle 1 ou “Calle del mirador” on voit défiler toutes les rues descendant dans Barichara, mais on va aussi voir de l’autre côté des points de vue sur le Cañon du rio Suarez.
Point de vue sur le cañon du rio Suarez
En continuant le long de la Calle 1 à la recherche du départ du fameux “Camino Real” on découvre deux points de vue sur le cañon. Si on peut apercevoir le canyon tout le long de la rue, deux endroits sont aménagés où l’on peut s’arrêter et pourquoi pas s’asseoir pour boire un verre en admirant le paysage.
C’est donc sur cette Calle 1 que l’on trouve le départ du “Camino Real” vers Guane qui descend jusqu’au village de Guane. Nous n’aurons pas le temps cette fois de réaliser la randonnée, mais c’est clairement une des choses à ne pas manquer lors d’un passage à Barichara. On vous explique tout ça plus bas.
Salto del Mico
C’était un des spots que nous avions repérés et que nous voulions absolument découvrir. Après cette journée passée à découvrir le village, nous nous sommes dirigés avant la fin du jour vers le Salto del Mico, un autre mirador sur le Cañon du Rio Suarez, mais quel mirador !
Vous avez peut-être déjà vu des images sur les réseaux sociaux de ce point de vue spectaculaire. Le “jeu” pour ceux qui n’auraient pas le vertige est de s’installer sur l’éperon rocheux suspendu au-dessus du vide.
Samuel s’y est essayé, non sans quelques gouttes de sueur sur le front. Si la plateforme rocheuse est imposante et sécurisante, il faut bien l’avouer, une fois qu’on s’approche du vide, c’est vertigineux.
Attention cela dit, aucune sécurité particulière n’est installée sur le site, vous êtes donc entièrement responsable de votre sécurité. Nous vous conseillons donc de rester vigilant et de prendre toutes les précautions avant de vous aventurer au bord de la falaise.
Toujours est-il que mis à part ce petit exercice de funambule, la vue sur le canyon est vraiment impressionnante. Venez admirer le coucher du soleil (ou le lever pour les lève-tôt) qui donne une atmosphère encore plus envoûtante au paysage. Cela dit une brume de chaleur peut apparaître et certains préféreront y aller en pleine journée avec une vue totalement dégagée sur les montagnes.
Le Salto del Mico se situe juste à la sortie du village de Barichara sur la route en direction de Guane, il est très facile de s’y rendre à pied. Les plus feignants pourront s’y faire emmener d’un coup de mototaxi !
Caminos reales
Nous avons regretté de ne pouvoir rester plus longtemps à Barichara. Notre programme ne nous a pas permis de faire tout ce que l’on aurait aimé. Nous sommes arrivés un soir, nous avons eu toute la journée du lendemain, mais nous voulions vraiment prendre le temps de découvrir le village.
Nous sommes restés la matinée du jour suivant pour aller au “Taller Centro die”, mais c’était totalement insuffisant. Il faut au moins passer 2 jours et 3 nuits entiers pour profiter du village…
Une autre solution c’est de choisir Barichara comme base pour découvrir les alentours et les beautés du Santander et notamment les fameux Caminos Reales !
BON À SAVOIR
Les Caminos Reales
Pour rappel, les “chemins royaux” sont des routes qui, malgré leur dénomination issue de la colonisation espagnole, existaient pour la plupart bien avant l’arrivée des colons et constituaient les voies de communication principales des civilisations précolombiennes. Ici autour de Barichara, elles ont ensuite été utilisées par les colons, puis remis en état par le commerçant allemand Lengerke au 19e siècle.
Camino Real de Guane
Si nous mettons l’expression au pluriel, c’est parce qu’il n’y a pas qu’un “Camino Real” autour de Barichara.
Depuis Barichara, le “camino real” le plus connu est bien entendu celui qui mène au village de Guane. C’est le chemin le plus court et le plus “facile”, il faut juste penser à partir le plus tôt possible le matin afin d’éviter les grosses chaleurs. Car sur le chemin, peu d’ombre à l’horizon !
Le jeu en vaut la chandelle puisqu’au bout du camino on découvre l’antique village de Guane, une espèce de mini Barichara, basé sur la même architecture, mais avec une âme supplémentaire. Peut-être celle du peuple indigène Guane qui a fondé ce peuplement qui aujourd’hui garde encore son nom.
Camino Real du Canyon de Chicamocha
Pour les plus aventuriers, il est possible de poursuivre le Camino Real depuis Villanueva pour descendre au cœur du Canyon de Chicamocha jusqu’au village de Jordan ! Et même de remontrer jusqu’à Los Santos et passer de l’autre côté du Canyon, voir de rejoindre le Parc d’attractions en prenant le fameux télésiège qui survole le Canyon… Bref c’est une expérience unique qui pour les amateurs mérite de s’y attarder.
Il faudra bien vous préparer, car les distances sont relativement longues, prévoir de la nourriture, et surtout beaucoup d’eau, car la marche se fait complètement à découvert dans un environnement aride.
Pensez surtout à partir le plus tôt possible pour ne pas vous faire surprendre et arriver à bon port avant la nuit. Si le premier jour vous ne ferez pratiquement que descendre, il y a une belle distance à parcourir. Le deuxième jour, ce ne sera que de la montée.
Hormigas culonas et les spécialités du Santander
Comment parler de Barichara, et du Santander en général, sans parler des fameuses “hormigas culonas” ? Pour les rares personnes qui n’en auraient pas encore entendu parler, les “hormigas culonas” sont des grosses fourmis volantes qui se mangent traditionnellement dans la région.
Tout d’abord il faut savoir que cette tradition vient des indigènes Guanes qui habitaient la région.
À peine arrivés à Barichara, nous avons rencontré Orlando, commerçant sur les hauteurs du village et spécialiste des hormigas culonas. Nous avions sur notre liste de chose à faire l’obligatoire “goûter aux fourmis” ! C’était prévu, c’était fixé, on l’a fait. Mais nous n’avions pas prévu d’en apprendre autant sur tous ses secrets de fabrication ! Devant nos questions, Orlando nous a chaleureusement fait entrer dans sa maison pour nous expliquer l’ensemble du processus de fabrication.
BON À SAVOIR
À la chasse aux gros culs
Orlando chasse ses propres fourmis et c’est comme les champignons, il y a des coins à fourmis et chacun les garde bien précieusement. Attention ce ne sont pas toutes les fourmis à gros cul qui se mangent, mais uniquement certaines variétés qui sortent uniquement le jour entre avril et mai, il ne faut pas se rater quoi !
Les “fourmis à gros cul” sont des fourmis volantes, il y a donc toute une technique pour les cueillir à la main. Il faut attendre qu’il pleuve pour que les trous des fourmilières se remplissent d’eau, puis que le soleil arrive pour que les fourmis sortent se sécher au soleil, c’est alors que le chasseur opère ! Mais les gardiennes sont là pour veiller à la protection et leurs mandibules sont apparemment suffisamment féroces pour mordre le malheureux jusqu’au sang… la chasse à la fourmi à gros cul n’est pas de tout repos !
Une fois récoltées, les fourmis sont cuisinées pendant plusieurs heures au sel, on enlève les ailes et les pattes, elles sont toastées avec du beurre et c’est comme cela qu’on les mange. Les fourmis sont réputées pour avoir beaucoup de propriétés nutritionnelles.
On a testé pour vous !
Après tant d’informations pratiques bien intéressantes est donc venu le moment de goûter les fourmis ! Pour vous donner une idée, la taille d’une fourmi correspond à peu près à 2 cacahouètes collées l’une à l’autre. Elles sont assez grosses. Une fois dans la bouche, ça croque !
C’est principalement croustillant puisqu’on croque la carapace. On a des petits bouts de carapace plein la bouche et un goût de… certains diront de cacahouète… d’autres de beurre… en tous cas ce n’est pas dégueu du tout.
Cela dit une fois testé, il faut vraiment aimer le goût pour y retourner. De notre côté on en a acheté une boite pour le père d’Angélica qui adore ça ! Mais finalement c’est bien plus l’aspect psychologique de l’affaire qui rebute au premier chef, plus qu’autre chose.
Allez, dites-nous en commentaire si vous avez aimé les fourmis à gros cul !
Source : Agence Coup de cœur